Il s’agit ici d’apporter quelques éléments critiques sur le e-learning, parfois relayés par certains acteurs pour justifier d’une non-utilisation, et d’aborder quelques garde-fous pour des usages ou des publics nécessitant des précautions particulières. À l’instar de Martin et Savary (1999), qui, à partir du slogan « la réponse est formation… mais quelle était la question ? », soulignaient l’impériosité du besoin d’analyse du problème (que parfois la formation peut aider à résoudre), rien ne serait plus aventureux que d’affirmer « la réponse est e-learning… mais quelle était le besoin ? ». La modalité doit en effet répondre à des besoins individuels (contraintes de l’apprenant) et collectifs (contraintes de l’entreprise, de la société) et les activités pédagogiques proposées réfléchies et en adéquation avec les objectifs fixés. Le e-learning ne s’impose pas parce qu’il est, il se justifie par les qualités de son développement.
En 2012, Denis Cristol[1] énumérait sur son blog « apprendre autrement[2] » les vingt raisons expliquant pourquoi, selon lui, le e-learning ne marche pas :
- Les password et login rebutent les utilisateurs
- Les ressources proposées sont de qualités inégales
- Les produits sur étagère n’apportent pas toujours de plus-value significative
- Les produits e-learning se périment vite
- Les réseaux et terminaux ne sont pas au niveau des solutions proposées
- Les ressources proposées sont fermées et peu accessibles
- Les dispositifs proposés sont trop complexes à maîtriser pour une variété d’acteurs
- Les apprenants ne persistent pas dans l’apprentissage, ils ne sont pas autonomes
- Les formateurs, ingénieurs ou conseillers formation ne proposent pas l’offre. Ils choisissent de promouvoir des solutions qu’ils maitrisent
- Les innovateurs isolés s’épuisent dans des environnements peu porteurs
- Le niveau de compétence pédagogique demandé aux organisateurs de formations est plus élevé que leurs compétences actuelles
- Les premiers à s’intéresser aux projets sont les informaticiens plus que les pédagogues, la pédagogie se trouve moins pris en compte
- Il existe des craintes tant du côté des apprenants que de celui des personnes mettant en œuvre la formation
- La communication sur les propositions pédagogiques est peu claire
- Il n’existe pas de gouvernance spécifique pour un déploiement
- Les formats pédagogiques proposés souffrent du « syndrome diligence » (C’est le cas du cours magistral que l’on se contente de filmer et de mettre en ligne sans adaptation)
- Les dirigeants s’embarrassent peu d’innovation, ils vont à l’essentiel et aux solutions qu’ils connaissent
- Le tutorat en ligne laisse l’apprenant isolé
- Les apprenants ont besoin d’une émotion absente en ligne
- Les produits e-learning sont longs et couteux à développer
Il ne s’agit pas ici de chercher une réponse à tous ces défauts (la liste est reproduite in extenso, même si certains items nous semblent être discutables), mais de cerner les conditions d’exercice propices aux critiques citées pour les corriger.
[1] Denis Cristol est coach spécialiste du management et des ressources humaines. Il est directeur de l’ingénierie et des dispositifs de formation du CNFPT. Il est docteur en sciences de l’éducation. Il mène actuellement des recherches avec le CREF de Paris Ouest Nanterre sur les apprentissages informels et la formation des managers et des leaders. Il est membre du comité scientifique de la revue SAVOIRS et a participé à la rédaction de plusieurs ouvrages sur le management, son enseignement et son apprentissage.
[2] http://4cristol.over-blog.com/article-pourquoi-le-e-learning-ne-marche-pas-110665191.html
le 17/11/17