À l’instar de Piaget et le constructivisme, le socioconstructivisme suppose que la connaissance est une construction, mais cette construction serait d’ordre social et non individuel. Vygotski le premier a souligné l’importance de l’interaction sociale dans le développement de la connaissance. Pour lui, la construction d’un savoir, bien que personnelle, s’effectue dans un cadre social. Les informations sont en lien avec le milieu social, le contexte et proviennent à la fois de ce que l’on pense et de ce que les autres apportent comme interactions. D’autres, comme Doise et Mugny, postulent que la connaissance est le résultat d’une confrontation de points de vue. Enfin, la théorie de la cognition distribuée pousse cette conception à l’extrême en affirmant que la connaissance est de nature exclusivement sociale, le groupe étant lui-même vu comme un système cognitif complexe.
Les travaux de Doise et Mugny (1993) prolongent donc ceux de Piaget et de Vygotski. Ils présentent les interactions entre pairs comme source de développement cognitif, à condition qu’elles suscitent des conflits appelés sociocognitifs. L’interaction sociale devient constructive lorsqu’elle introduit une confrontation entre les conceptions divergentes. Au cours d’une interaction au sein d’un groupe, un premier déséquilibre interindividuel apparaît lorsque chaque apprenant est confronté à des points de vue singuliers. Ce dernier prend alors conscience de sa propre pensée, en relation à celle des autres. Ce qui provoque un deuxième déséquilibre de nature intra individuelle : l’apprenant est amené à reconsidérer, simultanément, ses propres représentations et celles des autres pour reconstruire un nouveau savoir.
Figure 1 – la construction sociale vs le conflit sociocognitif
Dans cette perspective, l’apprentissage « peut être vu comme un processus actif et constructif au travers duquel l’apprenant manipule stratégiquement les ressources cognitives disponibles de façon à créer de nouvelles connaissances en extrayant l’information de l’environnement et en l’intégrant dans sa structure informationnelle déjà présente en mémoire » (Kozman, 1991, cité par Lebrun, 2000[1]).
C’est aussi « une construction de connaissance comme processus/produit dynamique incarné dans un sujet, qui se construit progressivement en même temps qu’il construit son monde (d’objets et de sujets) au cours d’interactions significatives avec l’environnement » (Linard, 1994[2]).
[1] Lebrun, Marcel (2002). Des technologies pour enseigner et apprendre. Louvain-La-Neuve : De Boeck.
[2] Linard, M. (1994). La distance en formation : une occasion de repenser l’acte d’apprendre. Conférence au Colloque » Open and distance learning : Critical succes factors « , Genève.
le 17/11/17